19 juin 2025 – VISION360
Ou est la cohérence énergétique en France ?
Par les temps qui courent, il semblerait que la France ait une curieuse façon de planifier son avenir énergétique. Voilà que l’on nous annonce un projet tout ficelé de 110 éoliennes marines au large de la baie de Morlaix, pour un total de 2 gigawatts de puissance théorique, comme une réponse moderne, verte et nécessaire à l’urgence climatique.
Très bien ! enfin pour ceux qui sont pour et qui n’ont pas vu l’arrière de la scène. Sauf que… dans le même temps, l’Assemblée nationale vient de voter (19 juin 2025) la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim, arrêtée en 2020, pour ses 1 750 mégawatts de puissance. Et là, il devient difficile de ne pas se poser une question simple : qu’est-ce qu’on fait, exactement ? c’est quoi la cohérence énergétique en France ?
Un calcul qui ne tourne pas rond
Sur le papier, les 110 éoliennes devraient produire 2 GW, soit un peu plus que Fessenheim. Sauf que… le vent ne souffle pas à la demande. Avec un facteur de charge estimé à 45 %, ces éoliennes ne produiront en réalité qu’environ 900 MW en moyenne sur l’année.
À l’inverse, Fessenheim, lorsqu’elle tournait, atteignait facilement un facteur de charge de 80 %, assurant une production réelle autour de 1 400 MW.
Faites le calcul : la centrale produit 55 % d’électricité de plus avec une puissance affichée inférieure.
Une infrastructure déjà existante… et fiable
Fessenheim, c’est :
- Une infrastructure déjà construite, donc pas besoin de nouveaux bétonnages massifs ni de milliards d’investissements supplémentaires.
- Une expérience d’exploitation de plusieurs décennies.
- Une maîtrise technologique nationale, avec du personnel formé et des procédures de sécurité éprouvées.
En face, on nous propose :
- Un projet industriel titanesque, mobilisant des dizaines de kilomètres carrés d’espace maritime.
- Une artificialisation des fonds marins, un impact sur la biodiversité, les paysages et les activités de pêche locales.
- Une production intermittente, qui nécessitera des systèmes de secours (souvent fossiles) ou de coûteux moyens de stockage encore peu matures.
L’argument climatique ? Il joue pour le nucléaire !
On entend souvent que les éoliennes sont une solution contre le réchauffement climatique. Certes, elles ne produisent pas de CO₂. Mais… le nucléaire non plus.
Fessenheim, à l’arrêt depuis 2020, était l’un des plus gros producteurs d’électricité décarbonée en Alsace. La fermer, c’était se priver d’un outil parfaitement en ligne avec les objectifs climatiques européens.
Aujourd’hui, on veut reconstruire ailleurs – et moins bien – ce que l’on a détruit ici. Un non-sens écologique et énergétique.
Où est la logique ?
Nous ne sommes pas contre les énergies renouvelables. Elles ont leur rôle à jouer dans un mix énergétique diversifié. Mais ici, on remplace une source stable, continue, propre, maîtrisée et déjà en place… par une installation instable, coûteuse, à rendement aléatoire et au fort impact local.
C’est comme vouloir remplacer un train à grande vitesse fiable par une trottinette électrique… quand il pleut.
🎯 La baie de Morlaix mérite mieux
Ce coin de Bretagne, riche en patrimoine naturel et en vie maritime, mérite mieux que de devenir un champ de mâts d’acier géants de 300 mètres de haut. Le tout pour produire moins, au prix fort, et sans garantie de stabilité énergétique.
🙋♂️ Et si on se posait les bonnes questions ?
Avant d’imposer ce projet, ne faudrait-il pas étudier les options déjà existantes, à moindre coût pour le contribuable, à meilleur rendement pour le réseau électrique, et avec une empreinte écologique moindre ?
Pourquoi ne pas s’appuyer sur ce qui fonctionne déjà, comme la relance de Fessenheim, plutôt que de céder à une course aux symboles verts déconnectée de la réalité physique de l’énergie et lancer un grand moratoire sur les énergies renouvelables et tout particulièrement sur les énergies produites par les éoliennes ?
En matière d’énergie, les apparences sont trompeuses. Ce n’est pas celui qui a les plus grands mâts qui produit le plus d’électricité.