20 juin 2025 – Vision360etplus
Les points de vue de l’auteur (explications et interprétations) n’engagent que lui.
Il appartient à chacun de se forger sa propre opinion.

Énergies en France : une incohérence stratégique
Depuis plus de 70 ans, la France dispose d’une énergie propre, fiable et décarbonée : le nucléaire. Avec un parc de 58 réacteurs standardisés, elle a construit un modèle énergétique unique, garantissant une électricité à 90 % décarbonée, une stabilité économique et une souveraineté énergétique enviée. Pourtant, les gouvernements successifs, sous la pression d’une idéologie écologiste et d’intérêts financiers, privilégient les énergies renouvelables intermittentes, comme l’éolien, au détriment de cette filière d’excellence. Si un mix énergétique diversifié est techniquement réalisable et nécessaire, le choix de marginaliser le nucléaire, en invoquant le réchauffement climatique et la nécessité de décarbonation, est une incohérence flagrante. Cette politique, marquée par l’abandon de projets visionnaires comme Astrid, sacrifie l’autonomie énergétique et l’avenir des générations futures.
Le nucléaire : un pilier décarboné négligé
Le nucléaire français, né du plan Messmer dans les années 1970, a propulsé la France au rang de leader mondial en matière d’énergie décarbonée. Avec une létalité bien inférieure aux énergies fossiles et une gestion avancée des déchets (vitrification, stockage géologique), il offre une sûreté inégalée : en France, aucun incident majeur n’a jamais été recensé. Pourtant, depuis deux décennies, l’arrêt de la construction de nouvelles centrales a provoqué une érosion des compétences, désormais captées par la Russie, la Chine et les États-Unis. Ces pays investissent massivement dans le nucléaire, tandis que l’Europe, sous l’influence de politiques anti-nucléaires, pousse à démanteler ses parcs, fragilisant l’industrie et la stabilité énergétique (voir l’Allemagne).
Les ONG écologistes, souvent marquées à gauche, alimentent une peur irrationnelle autour des centrales, malgré leur fiabilité prouvée. Ces campagnes, parfois financées par des intérêts opaques, occultent un fait majeur : En France, le nucléaire est déjà la réponse à l’urgence climatique, produisant une énergie pilotable, contrairement aux renouvelables comme l’éolien, dont le coût du mégawatt-heure fluctue en raison de leur intermittence.
L’abandon d’Astrid : une trahison de l’avenir
Le projet Astrid, un réacteur à neutrons rapides (RNR), incarnait une vision d’avenir pour le nucléaire français. Cette technologie, fruit de décennies de savoir-faire, permettait de recycler les déchets nucléaires actuels – plutonium et uranium appauvri – en ressources exploitables, tout en éliminant la dépendance à l’extraction d’uranium. Avec 300.000 tonnes d’uranium appauvri, la France aurait pu assurer son autonomie énergétique pour des siècles. Astrid était un projet durable, respectueux des générations futures, et un atout stratégique pour la souveraineté nationale.
En 2018, l’exécutif a pourtant décidé d’abandonner Astrid, ignorant les rapports scientifiques rigoureux qui en démontraient la maturité. Cette décision, motivée par des contraintes budgétaires à court terme ou une idéologie anti-nucléaire implicite, constitue une faute historique. Pendant que la France renonce, la Russie, la Chine, l’Inde, la Corée du sud et les États-Unis accélèrent leurs programmes RNR, s’appropriant un savoir-faire que nous leur cédons. Aujourd’hui, la Russie exploite le BN-800, la Chine développe le CFR-600, les États-Unis investissent dans les Natrium, l’Inde mise sur son Prototype Fast Breeder Reactor, et la Corée du Sud planche sur un RNR au sodium intégré à son programme de traitement du combustible usé.
Et nous ? Nous nous jetons corps et âme dans des projets d’énergies dites « vertes », intermittentes, coûteuses, et dévoreuses de terres et de ressources, sans nous doter de solutions pérennes pour stocker ni réduire nos déchets nucléaires.
Cet abandon compromet la fermeture du cycle nucléaire, augmente les besoins de stockage de déchets et fragilise l’indépendance énergétique.
L’éolien : une fausse solution écologique
Face à ce renoncement, le gouvernement mise sur un développement massif de l’éolien offshore avec un objectif de 45 GW d’ici 2050, soit plus de 3 000 éoliennes en mer. Cette politique, imposée sans réelle consultation démocratique, repose sur une vision à court terme. L’éolien, non pilotable, déstabilise les réseaux électriques et entraîne des coûts imprévisibles. Les impacts environnementaux sont sous-estimés : ancrages marins destructeurs, raccordements électriques complexes, centrales terrestres de transformation, composants polluants (pales non recyclables, huiles et gaz dans les nacelles) contredisent le discours écologique.
Les infrasons générés par les éoliennes, propagés à grande vitesse sous l’eau (cinq fois plus vite que dans l’air), menacent la faune marine à des dizaines de kilomètres. Les pales, tournant à 270-300 km/h, risquent de décimer des quantités importantes d’oiseaux migrateurs. Aucune étude sérieuse n’évalue ces impacts à long terme, révélant un manque de rigueur scientifique. Avec une durée de vie de 15 à 20 ans, et contrairement à ce que l’on nous dit, ces installations deviendront des épaves industrielles sans plan clair de démantèlement, laissant un héritage écologique désastreux. Même avec des contrats, ou seront les multinationales dans 20 ans ? (voir Texas aux EU)
Une gouvernance au service d’intérêts privés
Les citoyens, confrontés à des factures énergétiques en hausse, sont pris en étau. Les décisions politiques, loin de défendre l’intérêt national, semblent dictées par des ambitions de carrière et des connivences avec des multinationales. Grâce à des subventions généreuses et des contrats garantissant un coût constant du mégawatt-heure, ces dernières s’enrichissent sur le dos des contribuables, tandis que les rapports scientifiques, comme ceux du CEA, sont systématiquement ignorés. Cette inculture scientifique, couplée à l’influence de certaines ONG comme négaWatt (dont la transparence du financement ou les compétences sont plus que discutables), traduit un dysfonctionnement profond dans la gouvernance énergétique.
Une vision pour l’avenir : tirer parti des atouts existants
Un mix énergétique est possible, intégrant renouvelables et nucléaire, mais marginaliser ce dernier est une erreur stratégique. Pour répondre à la soit disant urgence climatique, la France doit :
- Exploiter le nucléaire existant : Prolonger la durée de vie des réacteurs, dont les cuves vieillissent moins vite que prévu, et relancer la construction de centrales de 4 -ème génération (RNR).
- Investir dans l’avenir : Ressusciter des projets comme Astrid pour fermer le cycle nucléaire, réutiliser les déchets et assurer une autonomie énergétique durable.
- Réindustrialiser : Former des soudeurs, ingénieurs et techniciens pour reconstruire une filière d’excellence, stoppant la fuite des compétences.
- Réformer la gouvernance : Impliquer des experts compétents, réactiver le comité de l’énergie atomique et nommer des décideurs visionnaires, à l’image des architectes du plan Messmer.
- Renforcer les coopérations internationales : Relancer les partenariats sur les RNR, tout en préservant la souveraineté nationale.
Conclusion : un choix à assumer
L’abandon de la filière avec l’arrêt d’Astrid est plus qu’une erreur : c’est une faute grave. Espérons que nous saurons la rattraper sans en commettre de plus graves encore en matière d’abandon de souveraineté ! Non sans oublier les mots cruels de Jonathan Swift : « Pourquoi espérer qu’ils écoutent des conseils quand ils ne sont pas même capables d’entendre des avertissements ? ».
La France dispose d’un atout majeur : un nucléaire sûr, décarboné et performant, capable de répondre à la demande énergétique tout en garantissant son indépendance. Privilégier l’éolien, sous couvert de décarbonation, est une incohérence qui dessert les citoyens et l’environnement. L’abandon d’Astrid, projet visionnaire pour un nucléaire durable, symbolise ce renoncement. Il est temps de renouer avec une stratégie énergétique rationnelle, fondée sur des faits scientifiques et l’intérêt national. La France doit choisir : redevenir un leader énergétique ou s’effacer face à ceux qui, sans scrupules, exploitent notre savoir-faire abandonné. Si l’on doit réagir à une urgence, on doit utiliser en priorité des technologies disponibles.
La France, jadis chef de file du nucléaire civil, ressemble aujourd’hui à un canard sans tête, courant dans toutes les directions : un peu d’éolien, un peu de solaire, un peu de relance nucléaire, un peu d’hydrogène, mais aucune stratégie de long terme, et surtout aucune volonté de reprendre l’avance technologique que nous avons offerte au monde sur un plateau.
Continuer ainsi, c’est laisser à nos enfants non pas de l’électricité, mais des silos de vitrification et des centres d’enfouissement.
Nous avons aujourd’hui la possibilité de fermer le cycle du combustible, de traiter ce que nous avons produit et de créer une filière énergétique fermée, circulaire, stable et souveraine.
La recherche doit continuer dans ce sens.
Et pour finir sur une note d’humour, Benjamin Franklin, qu’on interrogeait sur l’utilité de la recherche, avait dit : « Quelle est l’utilité d’un nouveau-né ? Ça fait du bruit, ça mange, ça ne rapporte rien. Mais on ne sait pas comment faire un adulte autrement. »
Ce qui différencie un homme politique d’un homme d’État, c’est que ce dernier est capable de voir ce dont on aura besoin dans trente ans et ça n’est pas compatible avec des échéances électorales.
Voir le compte rendu de la commission d’enquête visant a établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France.
Audition, ouverte à la presse, de M. Yves Bréchet, ancien Haut-commissaire à l’Énergie atomique, et Membre de l’Académie des sciences.