15/03/2025 – OuestFrance

Le chantier d’une autoroute dans l’État d’Amazonas, au Brésil, en septembre 2022. Photo d’illustration. | MICHAEL DANTAS / ARCHIVES AFP
Des dizaines de milliers d’hectares de la forêt amazonienne vont être abattus au Brésil pour construire une route en vue de la Cop30 de Belém, prévue en novembre prochain. Habitants et experts dénoncent de graves atteintes à l’environnement.
En résumé :
Une autoroute va être construite dans l’Amazonie en vue du sommet de la Cop30 prévu en novembre 2025 au Brésil. Des dizaines de milliers d’hectares de forêt vont être abattus pour ce chantier. Habitants et spécialistes de la biodiversité de la région s’inquiètent des conséquences sur l’environnement.
Plus de 50 000 personnes sont attendues à Belém, au nord du Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, pour la 30e Conférence des parties de l’Onu sur le climat (Cop30). Pour accueillir tout ce monde, le gouvernement de l’État du Pará, dont Belém est la capitale, a lancé la construction d’une autoroute à quatre voies, rapporte la BBC ce mercredi 12 mars.
Problème : le chantier menace plusieurs dizaines de milliers d’hectares de la forêt amazonienne… alors même que le président brésilien Lula a affirmé que le sommet serait « une opportunité de se concentrer sur les besoins » du poumon vert de la planète, qui joue un rôle fondamental dans l’absorption du carbone mondial et abrite une biodiversité extrêmement riche.
L’organisation de la Cop30 a réagi en indiquant dans un communiqué que « les travaux de construction de l’Avenida Liberdade à Belém ne relèvent pas de la responsabilité du gouvernement fédéral et ne font pas partie des 33 projets d’infrastructures prévus pour la COP30 ».
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« Tout a été détruit »
Le gouvernement de l’État du Pará vante pourtant un projet « durable » : passages pour les animaux, voies cyclables, panneaux solaires… Adler Silveira, secrétaire du gouvernement régional pour les infrastructures, assure à la BBC que ce chantier permettra de « préparer » et « moderniser » la ville, afin que « nous ayons un héritage pour la population et, de manière plus importante, que nous puissions servir les gens pour la Cop30 de la meilleure manière possible ».
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Mais le projet s’attire les foudres d’habitants et d’experts de la biodiversité locale. « Tout a été détruit », déplore auprès de la BBC Claudio Verequete, qui vit à 200 m de la future autoroute, et qui récoltait les fruits des arbres à proximité. « Nous n’avons plus de revenu pour subvenir aux besoins de notre famille », ajoute-t-il, assurant n’avoir reçu aucune compensation de la part des autorités.
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Des espèces en danger
La vétérinaire Silvia Sardinha, qui travaille dans un hôpital pour animaux à proximité de la future infrastructure, craint quant à elle de ne plus pouvoir relâcher les animaux dans leur habitat naturel une fois soignés. L’autoroute coupant la forêt en deux, elle craint également que certaines espèces « ne puissent plus rejoindre l’autre côté, ce qui réduira les zones où elles peuvent vivre et se nourrir ».
Reste que le gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : une trentaine de chantiers ont vu le jour à Belém en vue de la Cop30, comme un plan de 81 millions de dollars pour doubler de la capacité de l’aéroport ou encore la construction d’un parc de 500 000 m² avec espaces verts, restaurants et complexe sportif.