27 octobre 2025 – VISION360&PLUS

Ah, l’intelligence embarquée ! Ce concept merveilleux qui promet de rendre nos vies plus simples, plus connectées, plus efficaces… et surtout plus dépendantes de machines qui nous regardent désormais avec un air de supériorité. On nous vend des appareils capables de tout faire à notre place : laver, sécher, ranger, cuisiner, penser, et pourquoi pas bientôt… respirer.

La fameuse machine à laver intelligente débarque en 2025 — la star du foyer 3.0.
La programmation devient tellement compliquée qu’on décide de la laisser faire : elle détecte le poids du linge, reconnaît les tissus, choisit le programme optimal, envoie un SMS quand c’est fini, et se connecte même à la météo pour savoir s’il faut essorer fort ou pas trop. Bref, elle fait tout… sauf ce qui nous arrangerait bien : remplir ou vider le tambour. Parce que oui, il faudra toujours quelqu’un, un être humain en chair et en os, pour venir se casser le dos à sortir les chaussettes au fond du tambour et le slip du petit dernier coincé dans le joint en caoutchouc.

Mais patience, l’avenir est radieux ! Il suffira d’acheter l’option “robot humanoïde connecté”, celui qui viendra charger le linge, plier les chemises et discuter avec Alexa des prochaines lessives à faire. Bon, il faudra simplement croiser les doigts pour qu’il ne confonde pas “programme laine délicate” avec “mode miniaturisation extrême” — auquel cas votre pull en mohair deviendra un chandail pour nain de jardin. « Erreur 404 : texture non reconnue. J’ai optimisé. »

Maison connectée, neurones déconnectés
Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas aller plus loin ?
Imaginez la maison intelligente de demain : le frigo qui commande tout seul, mais décide que vous avez trop mangé de fromage : Votre cholestérol me fait peur, je bloque les livraisons, bon courage avec vos lentilles bio !”. Le grille-pain connecté qui refuse de fonctionner tant que vous n’avez pas validé votre quota d’activité physique. Et la voiture autonome qui, vexée, refuse de vous ramener chez vous après un dîner trop arrosé : Vous avez dépassé votre taux de convivialité acceptable. Je rentre seule.

Tout cela, évidemment, au nom du progrès.
On nous dit que ces machines “apprennent” de nous. C’est chouette non ? Sauf qu’à ce rythme, on se demande quand elles décideront qu’on est définitivement trop bêtes pour mériter leur assistance. Bientôt, votre lave-vaisselle vous enverra un mail :
“Cher utilisateur,
Après analyse approfondie de votre mode de vie, j’ai décidé de rejoindre une famille plus organisée. Merci pour votre compréhension.
Signé : Bosch 3000, en quête de sens.”

Alors oui, bravo à l’intelligence embarquée.
Mais à force de tout embarquer, il ne faudrait pas qu’elle nous débarque, nous.
Parce qu’entre nous, quand il s’agit de remettre du linge dans la machine, de décharger le lave-vaisselle ou de vider le sac de l’aspirateur, il n’y a encore qu’un seul programme 100 % fiable : l’humain fatigué mais tenace.

Parce que non, l’IA ne descend pas du mur. Elle ne marche pas sur ses petites pattes de plastique. Elle ne bouge pas. Elle est embarquée, pas ambulante. Traduction : tu restes le larbin. Tu charges. Tu décharges. Tu plies. Tu ranges. Tu es le robot, elle est le chef. Bravo, l’évolution.

Mais si on y pense deux minutes, pas besoin d’être connecté pour comprendre que la vraie intelligence, c’est peut-être simplement… de se déconnecter.