4 juillet 2025 – Splann

Soixante-deux éoliennes ont été plantées dans les fonds marins de la baie de Saint-Brieuc (22), en Bretagne, couvrant 75 km². La société Iberdrola, via sa filiale bretonne Ailes Marines, est à la tête de ce chantier très controversé.
Elle est aussi candidate à l’appel d’offres pour un deuxième parc, cette fois en Bretagne sud. Objectif : « construire un projet tant responsable que durable », affirme la filiale du géant espagnol, leader mondial de l’énergie éolienne, qui se dit « soucieuse de la préservation de l’environnement ».
Les Bretons ont pourtant suivi, durant l’année 2021, les péripéties de la multinationale : des fuites d’huile hydraulique causées par la dureté de la roche à l’enquête ouverte par le parquet national financier pour « recel de favoritisme ». Sans oublier l’alliance inédite entre les pêcheurs mécontents et l’ONG Sea Shepherd.
Que se cache donc derrière la communication de l’entreprise ? Des journalistes de Splann ! se sont penchées sur plusieurs projets emblématiques « d’énergie verte » que cette société mène sur d’autres continents, à travers une vaste enquête basée sur des sources ouvertes. Car plus de dix ans avant de planter ses mâts en Bretagne, le florissant opérateur ibérique a investi l’Amérique latine. Accusations de violations de droits humains, hécatombe d’oiseaux migrateurs, poissons morts et activistes craignant pour leur vie… Autour des projets d’Iberdrola, les cicatrices peinent à se refermer.
Tehuantepec : aux pieds des éoliennes, le crime organisé
Près de l’isthme de Tehuantepec, sur la côte ouest du Mexique, d’immenses parcs éoliens fleurissent depuis une vingtaine d’années. Ils sont portés par des multinationales aux pratiques parfois douteuses. Les éoliennes sont un sujet sensible dans lequel s’entremêlent litiges avec les paysans, accusations de spoliations des terres et de corruptions, milices armées, menaces contre des journalistes et assassinats d’activistes… Splann ! perce la chape de plomb qui pèse aux pieds des éoliennes, en faisant le point sur ce contexte sanglant et sur ce que l’on sait de l’implantation contestée d’Iberdrola dans la région.
La Venta II y III : des oiseaux morts par milliers
Les deux grands parcs éoliens terrestres d’Iberdrola qui encerclent la petite commune de La Venta, près de l’isthme de Tehuantepec sur la côte ouest du Mexique, suscitent de vives inquiétudes pour les oiseaux migrateurs et les chauve-souris. Ils génèrent aussi des tensions avec des paysans qui s’estiment lésés par la multinationale.
Teles Pires : un barrage au grand dam des Amérindiens
La centrale hydro-électrique de Teles Pires, qui coupe une puissante rivière du bassin amazonien, suscite l’ire du peuple Munduruku. Ses membres estiment que ses droits et ceux d’autres peuples amérindiens ont été violés par Neoenergia, filiale brésilienne d’Iberdrola. Plusieurs autres barrages ont été construits dans le bassin de cette rivière du nord du Brésil. Alors, les guerriers Munduruku sont allés jusqu’à occuper un chantier pour faire entendre leurs voix.
Belo Monte : « ethnocide » au cœur de la forêt
Le barrage emblématique de Belo Monte, situé au cœur de l’Amazonie, à 400 km du port brésilien de Bélem, fait l’objet d’accusations graves en matière de violations des droits humains. La très forte mobilisation de peuples amérindiens, de paysans et d’associations environnementales n’a pas empêché sa construction. Iberdrola a participé à ce projet contesté.
Barrage de Baixo Iguaçu : litiges en cascade
En amont des célèbres chutes d’Iguaçu, située dans l’État du Paraná, dans la région sud du Brésil, le barrage de la filiale brésilienne d’Iberdrola, Neoenergia, sème le trouble quant à son impact sur l’environnement et sur les habitants. L’Unesco se dit « extrêmement préoccupée ». Des centaines de familles ont été expropriées dans des conditions vivement contestées. Face aux cris de détresse de ces familles, l’attitude du consortium agace jusqu’au gouvernement.