08 juin 2025 – VISION360 & Plus

Un nouveau scandale énergétique est en marche. Dans la baie de Morlaix (Finistère), un projet de 110 éoliennes en mer sur une zone de 350 km² est en train de voir le jour, porté par des industriels puissants, soutenus par l’État, et imposé sans véritable consultation citoyenne. Une fois de plus, les Bretons seront les derniers informés mais les premiers à payer.

Une catastrophe écologique maquillée en solution verte

Derrière les slogans marketing d’une transition énergétique « propre » et « durable », se cache une opération de greenwashing d’une ampleur historique. On agite la peur du CO₂, du réchauffement climatique, et l’urgence écologique pour justifier des projets industriels colossaux… qui n’ont de vert que la couleur du logo. En réalité, les parcs éoliens en mer serviront d’abord les intérêts financiers de groupes privés et de leurs actionnaires, qui ont flairé le filon des subventions publiques garanties.

Car ce ne sont pas les communes, ni les citoyens, qui encaisseront les bénéfices de cette manne éolienne, mais bien des multinationales de l’énergie, souvent étrangères, grassement subventionnées par l’État français avec l’argent des contribuables. Un modèle économique opaque où les profits sont privatisés et les pertes écologiques… collectivisées.

Mais le plus grave, c’est l’impact sur la nature, totalement sacrifiée au nom de cette rentabilité verte.

Le massacre de la faune et de la flore est déjà bien documenté : les fonds marins sont détruits lors de l’ancrage des éoliennes ; les zones de reproduction et de nourrissage de nombreuses espèces marines sont dévastées ; les champs magnétiques et vibrations des câbles et turbines perturbent les poissons, crustacés, cétacés.

Les infrasons, eux, représentent une menace invisible mais terrible : dans l’eau, le son se propage 5 fois plus vite que dans l’air, affectant massivement la capacité d’orientation et de communication des espèces aquatiques, et provoquant chez certaines des comportements de fuite ou des échouages massifs.

Et ce n’est pas tout. Les routes migratoires des oiseaux sont modifiées, les collisions avec les pales sont fréquentes, et le dérangement sonore permanent les pousse à changer de trajectoire ou à ne plus revenir sur certains lieux de repos ou de nidification.

Et pourtant, comme pour compenser l’inacceptable, chaque projet éolien s’accompagne d’une « compensation » financière versée aux communes concernées. Une manière bien cynique d’acheter le silence ou le consentement : quelques dizaines de milliers d’euros pour se donner bonne conscience… en échange d’un saccage irréversible.

Mais la nature n’appartient ni aux communes, ni aux élus, ni aux industriels. Elle est un patrimoine commun, qu’aucun pouvoir politique ou économique n’a le droit de brader.

Les Français en ont ras-le-bol de ces politiques de connivence, où l’intérêt général est sacrifié sur l’autel des intérêts privés. Ce sont toujours les mêmes noms qu’on retrouve dans les conseils d’administration, les cabinets de conseil et les ministères. Ce sont toujours les citoyens qui trinquent, pendant que les profits s’envolent vers les paradis fiscaux.

Présentées comme une réponse propre et moderne à la crise énergétique, les éoliennes offshore sont en réalité un désastre écologique. Sous la surface, elles détruisent des écosystèmes marins fragiles, perturbent la faune aquatique et les mammifères marins, modifient les courants et les sédiments, et détruisent les zones de pêche traditionnelles.
Les vibrations des fondations, les infrasons et les champs électromagnétiques des câbles sous-marins affectent gravement la biodiversité. Tout cela pour produire une électricité intermittente, dépendante du vent et non stockable à grande échelle.

Une énergie hors de prix, mais très rentable… pour les actionnaires

Le coût de production du mégawatt par les éoliennes en mer est jusqu’à 6 fois supérieur au coût moyen de l’électricité sur le marché. Pourtant, ces projets sont massivement financés par des subventions publiques. L’État garantit des prix d’achat exorbitants de l’électricité à des opérateurs privés pour une durée de 15 à 20 ans. Résultat : ce sont les citoyens qui payent la différence sur leur facture d’électricité, pendant que les investisseurs se frottent les mains.

Les Français : vaches à lait d’un modèle spéculatif

Derrière les grandes promesses environnementales, ce sont des groupes privés internationaux et leurs actionnaires qui tirent les ficelles. Ce modèle économique est moins un projet de transition énergétique qu’un marché ultra-subventionné, soutenu par l’argent public, c’est-à-dire le nôtre.
Pendant ce temps, le prix de l’électricité explose, les petits pêcheurs disparaissent, et les habitants doivent composer avec des paysages détruits et des nuisances visuelles et sonores… pour une énergie dont ils ne profitent même pas localement.

Une décision imposée d’en haut, sans débat démocratique

Le projet des 110 éoliennes dans la baie de Morlaix a été préparé en secret depuis 2023 par les pouvoirs publics, en lien avec des industriels, sans consultation réelle des citoyens ni des communes concernées.
La « concertation » affichée n’était qu’une mascarade bureaucratique, un écran de fumée pour légitimer des choix déjà actés. Les habitants n’ont pas été informés des impacts concrets, ni sur la faune, ni sur le tourisme, ni sur leur quotidien.

En Allemagne : l’échec flagrant d’un modèle présenté comme vertueux

L’Allemagne, pionnière européenne de l’éolien, est aujourd’hui confrontée à un paradoxe énergétique désastreux. Malgré des milliers d’éoliennes installées sur son territoire, le pays a été contraint de rouvrir des centrales à charbon, les plus polluantes d’Europe, pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables. Car quand le vent ne souffle pas, il faut bien produire de l’électricité autrement. Résultat : hausse des émissions de CO₂, coût énergétique explosif pour les ménages, importation d’électricité nucléaire depuis la France, et dépendance accrue au gaz fossile. On prétend sortir du fossile, mais on y revient par la porte de derrière, sous prétexte de « sécuriser le réseau ». Et pendant ce temps, les citoyens paient deux fois : une fois pour installer des éoliennes qui ne produisent pas quand on en a besoin, et une autre fois pour maintenir des centrales de secours polluantes.

En Espagne : des centrales à gaz pour “soutenir” les éoliennes

En Espagne, le constat est tout aussi révélateur : pour un projet d’implantation d’éoliennes à grande échelle, de nouvelles centrales à gaz ont dû être construite. Pourquoi ?
Parce que les éoliennes ne produisent pas en continu, et que le réseau électrique a besoin d’une production stable pour fonctionner correctement.

C’est donc un modèle à deux vitesses : l’éolien en façade, le gaz en coulisse.
Où est la cohérence écologique ?
Comment peut-on parler de transition énergétique quand on ajoute des énergies fossiles pour compenser une solution soi-disant “propre” ?

Ces exemples européens prouvent que l’éolien industriel n’est ni écologique, ni fiable, ni soutenable. Il s’agit d’un levier économique pour les lobbys énergétiques, mais certainement pas d’une solution durable pour l’avenir.

Le mirage de l’ERC : une mascarade écologique au service du profit

Les porteurs de projets éoliens offshore s’abritent systématiquement derrière la fameuse doctrine ERC – Éviter, Réduire, Compenser – pour prétendre respecter la biodiversité et les écosystèmes marins. En théorie, cette approche vise à éviter les atteintes à l’environnement, réduire les impacts lorsqu’ils sont inévitables, et compenser les dommages résiduels. En réalité, ce triptyque est détourné de son sens originel pour servir de caution « verte » à des projets destructeurs.

Dans le cas des éoliennes en mer, les études d’impact sont souvent bâclées ou orientées, car les effets négatifs sur la faune marine, les oiseaux migrateurs ou les fonds marins sont déjà bien connus. On ne découvre rien : la pollution sonore liée aux travaux (notamment les battages de pieux), les infrasons qui désorientent les cétacés, les vibrations continues, la modification des courants marins ou encore la destruction d’habitats sont documentés depuis des années. Il n’y a donc rien à « découvrir » : ces dégâts sont inévitables et connus d’avance.

Quant à la réduction des impacts, elle reste purement théorique. Les technologies correctrices sont soit inexistantes, soit inefficaces à l’échelle d’un parc de plusieurs dizaines d’éoliennes. Il n’est pas possible de « réduire » la propagation du bruit dans l’eau, pas plus qu’on ne peut éviter les collisions d’oiseaux avec les pales ou les perturbations des zones de frai.

Reste donc la « compensation », dernier étage d’une fusée de plus en plus creuse. Et c’est là que réside la véritable finalité du dispositif : proposer de l’argent aux communes ou aux territoires affectés, comme s’il était acceptable d’échanger une richesse écologique contre quelques millions d’euros ou la promesse d’aménagements. Ces compensations sont souvent versées aux collectivités locales (et non aux habitants eux-mêmes), ce qui permet aux promoteurs d’acheter la paix sociale sans jamais réparer les dommages réels.

La nature n’est pas un bien négociable, elle n’appartient ni aux maires, ni aux préfets, ni aux cabinets ministériels. Elle est un bien commun, dont la valeur est inestimable. Et pourtant, le dispositif ERC est aujourd’hui utilisé comme un outil de marketing environnemental, un vernis pseudo-scientifique qui permet de dérouler des projets industriels malgré l’opposition citoyenne et les alertes écologiques.

Rendre enfin la parole au peuple

Ce type de projet, qui transforme nos paysages, nos mers et nos vies, ne peut plus être décidé dans des bureaux parisiens ou à huis clos avec des lobbys industriels. Il est urgent que les Français reprennent la main sur les décisions qui engagent leur avenir et celui de leurs enfants.

Cela passe par l’organisation de référendums locaux ou nationaux sur les grands projets énergétiques, pour que la démocratie ne soit plus un mot vide, mais une réalité concrète.

Ce qui se joue ici dépasse la baie de Morlaix. Il s’agit d’un modèle de société : voulons-nous être des consommateurs passifs et surtaxés, ou des citoyens pleinement conscients des choix qui engagent notre avenir ?
Refuser ce projet, ce n’est pas refuser l’écologie. C’est refuser un écologisme de façade, dicté par les marchés et les profits, au détriment du vivant, de la mer et du bien commun.

Il est encore temps de se mobiliser. La baie de Morlaix mérite mieux qu’un champ industriel en mer. Elle mérite la transparence, la démocratie, et un avenir respectueux de la nature et des citoyens.

Et si le pouvoir continue à ignorer les voix citoyennes, alors il faudra reprendre le chemin de la lutte, comme à Plogoff dans les années 1980, où un village entier a dit non à une centrale nucléaire, par la désobéissance, la mobilisation populaire et le courage.

Parce que défendre la nature, c’est défendre la vie, contre ceux qui veulent la transformer en dividendes.

Réunion du 18 juin à Plougasnou : Lien vers le tract