À première vue, tout semble calme. Le site web XXX s’ouvre normalement, les articles sont consultés modérément, quelques visiteurs passent et repartent. Rien d’anormal.

Et pourtant. Sous ce vernis paisible, une armée numérique opère, invisible à l’œil nu. Des bots, des crawlers, des scrapers — autant de robots qui pénètrent discrètement dans les recoins du site, aspirant des textes, des images, des structures. Parfois à la seconde, sans relâche, sans merci.

En ligne depuis des années, le site XXX n’a jamais fait parler de lui, ni attiré l’attention des grands médias ou des influenceurs. Et pourtant, aujourd’hui, en regardant les fichiers logs, c’est un tout autre tableau qui se dessine.

Pour seulement une journée, des dizaines de milliers d’accès enregistrés, pour à peine quelques centaines vrais visiteurs humains uniques. Et pire encore des dizaines de milliers d’erreurs 404 générées par ces robots qui fouillent sans comprendre, qui demandent des pages qui n’existent pas ou qui n’existent plus ou qui n’ont jamais existé.

Un véritable gâchis d’énergie, de bande passante et de ressources serveurs. De l’électricité brûlée pour rien. Des machines qui tournent pour alimenter un parasitage invisible, inutile, souvent illégal.

Ne nous trompons pas :
Ils ne s’appellent pas Facebook, Instagram ou X. Ceux-là, au moins, impliquent une action humaine visible. Un clic, une publication, un partage. Derrière chaque interaction, il y a un individu, un choix, un geste.
Mais ici, le pillage est silencieux, massif, automatisé. Invisible pour la majorité, il se faufile sans bruit et sans consentement.

En vérité, le pourcentage de « pillage » par les réseaux sociaux est ridicule comparé à celui orchestré par ces robots. Ce ne sont pas les plateformes sociales qui consomment le plus de nos données, mais ces entités anonymes qui raflent tout sans jamais se montrer ni demander. 

Les véritables voyous du web sont silencieux. Ils rampent dans les logs, déguisés en visiteurs légitimes, cachés derrière des clouds opaques. Pas de signature, pas d’empreinte claire, pas de scrupules.

Il faut regarder sous la surface, et comprendre que la vraie guerre des données ne se joue pas à la une des journaux ni sur les réseaux sociaux.

« Elle se joue dans l’ombre« 

Et au final, nos articles, nos textes, nos réflexions — souvent engagées, militantes, désintéressées — ont servi, sans que nous le sachions, à nourrir des bases de données privées, à alimenter des modèles commerciaux ou des IA qui recrachent notre contenu à d’autres fins, à d’autres publics. Notre parole est devenue leur produit.

Et pendant que cette nouvelle économie numérique pompe sans relâche les données des autres, elle ose se poser en modèle vertueux. Elle communique sur le climat, sur l’urgence écologique, sur la sobriété et pire sur notre santé. Mais elle alimente sans remords des data centers énergivores, des IA gloutonnes, des armées de bots qui tournent jour et nuit pour nourrir les géants… toujours les mêmes, ceux qui se gavent de nôtre naïveté.