La synchronicité représente de toute évidence l’un des noeuds théoriques principaux de la pensée et de l’œuvre de Jung. Alors que celui-ci en découvre très tôt la présence et les manifestations (il en parle dès 1930), en déclarant à propos du Yi King que ce dernier « repose en effet, non sur le principe de causalité, mais sur un principe non dénommé jusqu’ici – parce qu’il ne se présente pas chez nous – auquel j’ai donné, à titre provisoire, le nom de principe de synchronicité », il ne se décide cependant à publier à son sujet d’une manière systématique et réglée que très tard dans sa vie, à la fin des années quarante et au début des années cinquante.
Encore ne s’agit-il pas pour Jung de fournir une explication définitive à un domaine qu’il qualifie d « obscur » et de « problématique », mais d’y ouvrir un accès dont il a la conscience aiguë de combien il se heurte à nombre de préjugés (de nature à la fois intellectuelle, idéologique et subjective) dans la société occidentale moderne. S’il se résout à cet effort, c’est par un double souci d’élucidation scientifique et philosophique, ainsi que devant l’importance humaine du phénomène, et l’exigence intérieure du souci thérapeutique qui l’a toujours animé…